Vitalité des aventures collectives

Magali Arnould – Christiane Gilon – Archibald Peeters

Présentation d’une enquête sur les dynamiques collectives, ce qui les aide, les entrave, leur permet de durer, les détruit.

« Pour nous, ce travail d’enquête n’est pas une fin en soi, il est le moyen de continuer à nous interroger, de nous interpeller sur ce que nous faisons au sein des collectifs et de faire vivre le questionnement cher aux praticiens de l’analyse institutionnelle : «qu’est-ce que je fais quand je fais ce que je fais ? ». L’enquête elle-même est une pratique de transformation sociale : en conduisant et en publiant notre enquête, en organisant la rencontre entre le lecteur, la lectrice et les personnes que nous avons interviewées, nous voulons aller à contre-courant de la croyance en la mort des collectifs, et renforcer les expériences collectives par le développement d’une culture des précédents. »

Voir aussi l’article : « Naviguer collectivement » – les dessous de l’enquête

Magali Arnould est socianalyste, après être passée, entre autres, par les sciences de l’éducation, le théâtre, les sciences politiques et l’illustration.  Elle ne cesse de chercher la quadrature du cercle. Sans jamais y parvenir, bien évidemment !
Christiane Gilon est socianalyste.Titulaire d’un doctorat en sociologie, chercheuse associée au laboratoire EXPERICE – Université de Paris 8. Elle se consacre à la transmission de son métier d’intervenante au sein du réseau de socianalystes depuis 2017.
Archibald Peeters est socianalyste, menuisier et chercheur en philosophie. Après une enquête sur le désir de radicalité éthique, son travail porte sur l’écologie de la vie collective.

1. Tumulte inhérent aux collectifs, savoirs pratiques et culture des précédents

Les aventures collectives nous constituent… Le collectif, on n’est (naît) dedans, nous y sommes plongés dès notre plus jeune âge, pensons à la maternelle. Nous ne pouvons y échapper. L’art d’être et de faire collectif ne va pourtant pas de soi et reste toujours encore et déjà une question non résolue à remettre sans cesse sur le métier. En effet, toutes les organisations collectives sont traversées par des forces qui les constituent, qui font leur mouvement : il s’agit de faire avec le réel et le vivant, de traverser les difficultés et de surmonter les obstacles. Impliqué[1] dans des aventures collectives, il est difficile de ne pas chercher à comprendre les lois qui les régissent, les manières et les formes efficaces de faire et d’être ensemble pour avoir une meilleure prise sur elles.
Pour répondre à ces questions, la littérature nous offre pléthore de théories savantes, de recettes pratiques et de techniques concrètes. Autant de normes universelles qui prétendent expliquer et répondre aux besoins et aux difficultés rencontrées par les collectifs.
C’est en tant que socianalystes[2], intervenants au sein d’organisations qui traversent une situation de crise mais aussi impliqués nous-mêmes dans une série de collectifs que nous pouvons avancer que ces théories et ces recettes ne peuvent être collées et appliquées telles quelles sur les situations collectives : chaque trajectoire est singulière.
Doit-on alors, sous couvert de la singularité de chaque situation, abandonner toute recherche sur l’art et la manière de faire collectif ? Nous ne le pensons pas et nous souhaitons défendre une autre approche. Si le savoir est dans le tumulte de la vie, c’est à cet endroit que nous décidons d’aller le chercher. C’est à partir du savoir pratique, du savoir sensible, celui de l’expérience, la mise en perspective de l’expertise profane, que nous avons cherché à comprendre éclairer, élucider ce qui aide, entrave, fait durer ou détruit la navigation collective sans prétendre exprimer quelque Saint-Graal.

Notre démarche s’inscrit dans le sillage de ce que David Vercauteren a nommé la «culture des précédents ». Dans Micropolitiques des groupes, il évoque l’idée que les groupes d’autrefois, les communautés villageoises par exemple, bénéficiaient d’une telle culture grâce aux histoires racontées par les anciens : « Elles relatent tantôt des situations, des « pentes », des dangers dans lesquels le groupe avait été embarqué, comme bien d’autres avant lui et autour de lui, tantôt des réussites et des inventions qui avaient permis d’accroître les forces collectives. L’ancêtre transmettait également des manières pragmatiques de construire un devenir commun[3] » Qu’une telle figure de l’ancêtre relève ou non de la fiction, cela importe peu au final.

La transmission des expériences est un problème qui se pose à toute organisation. Certaines formes collectives bénéficient d’une relative continuité d’existence dans le temps, comme les familles, écoles, administrations, cliniques, entreprises. Ces organisations instituées dans le temps ont des moyens de maintien et de reproduction, mais aussi de réinvention, d’innovation et d’adaptation de leurs modes de fonctionnement au gré des crises qu’elles traversent, par exemple au moyen des études et pratiques managériales dans le cas d’entreprises. On peut voir là une forme de culture des précédents, bien qu’elle soit difficilement transmise et élaborée par ceux qui la vivent et qu’elle concerne le plus directement. Mais il est aussi tout un pan de mémoire et de savoirs qui émerge dans ces organisations et qui tombe souvent dans l’oubli : celui des savoirs et pratiques qui s’inventent au niveau micropolitique, ne serait-ce que dans leurs brèches ou dans les conflits qu’elles traversent.

C’est fort de ce constat et avec cette ambition que, dans le cadre de cette enquête, nous sommes allées à la rencontre de personnes qui vivent et expérimentent la navigation collective afin qu’elles puissent nous emmener dans le récit de leurs savoirs pratiques. L’adresse de notre travail est donc double : elle vise à questionner et enrichir deux approches, deux positions distinctes et parfois complémentaires : celle du tiers intervenant dans une organisation, et celle du participant impliqué en son sein. En cela, l’enjeu de cette enquête est aussi l’élaboration et la transmission de savoirs sur les aventures collectives par et pour ceux qui les vivent, et pourquoi pas, le support pour inventer des outils d’exploration, de compréhension, de débat ou encore d’auto-diagnostic pour les organisations elles-mêmes.

Cela  a conforté notre désir d’inventer des manières de partager ces réflexions – et la publication de ce document en est une – et de nous servir de cette enquête et de ce qu’elle nous a appris pour intervenir dans des collectifs non plus seulement en temps de crise, mais aussi en temps « normal », comme une forme de régulation ou d’analyse de pratique qui pourrait avoir lieu régulièrement dans la vie d’un collectif.

2. L’immersion dans le réel – notre méthode

Cette enquête[4] se base sur une méthodologie axée sur l’entretien non-directif. Il s’agit à partir d’une seule question de permettre aux personnes interviewées d’élaborer leur pensée autour de la problématique présentée. A travers les entretiens, nous avons permis à un certain nombre de personnes choisies pour leur implication et/ou leur expérience dans des aventures collectives de prendre du recul sur une situation qu’elles ont pu vivre ou construire. Par ces entretiens, les personnes interviewées ont été à l’origine d’un méta-discours personnel, une théorie sur une situation singulièrement vécue.

Pour l’analyse de ces entretiens, il nous importe d’avoir une connaissance approfondie de ce que chaque personne a dit et du sens qu’elle a voulu y mettre ; sans oublier que nous, ce que nous voulons comprendre, en nous aidant de la multiplicité des théories individuelles, c’est le mouvement social qui traverse ces personnes qui nous parlent.

En l’occurrence, la question était de savoir ce qui permet à une expérience collective de conserver sa vitalité ou pas. Chacune des personnes a donné un segment de raisonnement, et avec ces segments de raisonnement nous avons cherché à basculer vers une dimension sociologique, c’est-à-dire à livrer une ébauche de notre vision des choses à la suite de ce qu’elles ont voulu nous dire. Notre travail est de faire apparaître une rationalité au travers des discours produits. La connaissance singulière n’aura été qu’un passage. C’est le mouvement du tout qui représente la connaissance recherchée à restituer.

Notre équipe était constituée de 18 chercheurs[5] et nous avons interviewé 22 personnes. Ces vingt-deux personnes interviewées ont été choisies pour leur expérience et /ou leur participation à une expérience collective. La plupart ont en réalité traversé plusieurs collectifs; notre matériau provient donc au final de l’examen de quarante-huit expériences différentes.

Il est important de souligner que les collectifs de notre échantillon tendent vers une démarche minoritaire, instituante ou expérimentale. Cela dans le sens où ils cherchent à déployer des manières inédites de vivre, de travailler, d’enseigner, de soigner ou de lutter ensemble ; ensuite, au sens où ils tentent de s’approcher d’une forme d’autogestion, ou du moins, de défaire les hiérarchies rigides et de mettre en place une transversalité, une circulation et une porosité des rôles, statuts, et fonctions.

L’analyse des entretiens nous a permis de dégager trois modèles, que nous avons appelés “écoles” car ces modèles développent de façon cohérente un mode de production d’énergie (ou force d’action) et prescrivent un ensemble de règles de maintien de la vitalité collective, qui leur sont propres (vitalité dans le sens d’aptitude à produire des résultats, à se perpétuer).

Ce sont des écoles parce que nous les regardons d’un point de vue sociologique. Si nous nous plaçons du point de vue de chaque personne interviewée, elles participent d’un monde commun et deviennent plutôt des polarités, des pôles. Si certaines des personnes interviewées sont totalement porteuses de la logique d’une des trois écoles, d’autres ne sont pas porteuses d’une seule logique, mais sont plutôt traversées par une ou plusieurs polarités qui les attirent vers l’une des trois écoles, sans pour autant éliminer les autres, ou bien sont passées par ces différentes « écoles », essayant parfois d’en combiner les avantages

Ces Écoles ou Pôles vont s’organiser autour de quatre catégories fondamentales que nous avons dégagées en croisant, comparant, confrontant et différenciant les entretiens. Premièrement, dans chacun des entretiens, on trouve une définition de l’action collective. Le collectif, qu’est-ce que c’est ? À quelles finalités répond-il ?. Deuxièmement, on trouve toujours une réflexion sur le modèle énergétique du collectif. Quel est le carburant de l’action collective ? Quelle est la source de cette énergie ? Troisièmement, une des caractéristiques est la vitalité, c’est ce qui permet la durabilité de l’action collective. Comment s’entretient cette vitalité ? Qu’est-ce qui permet de maintenir l’action du collectif dans le temps, si tant est que ce soit l’objectif ? Enfin et quatrièmement, nous aurons dans chaque entretien l’exposé de théorèmes ou de leçons que les personnes ont tiré de leurs expériences vécues, sur la vie et la mort des collectifs.

3. La découverte de trois écoles ou pôles

Dans un entretien, nous a été proposée une clef simple de la vitalité des aventures collectives : pour que vive un collectif, il faut travailler le sens, il faut penser les modes de fonctionnement, et il faut une qualité certaine des relations humaines.Cette équation de la vitalité des actions collectives, permet de situer nos trois écoles. Au fond, chaque «école » prend davantage appui sur l’un des trois pieds que sur les deux autres : la première école que nous avons nommée L’école de la rupture ou le pôle du Feu est principalement concentrée sur le sens de l’action. La seconde nommée L’école des formes ou le pôle de la composition se concentre sur les méthodes de régulation. Enfin, la troisième nommée L’école des Relations Humaines ou pôle de l’Attention est basée sur les relations entre les personnes impliquées.

  • Les trois écoles

1- L’école de la Rupture – du Feu

L’École de la Rupture apparaît de manière caractéristique dans quatre entretiens étudiés, mais occupe une place centrale voire fondatrice dans les expériences passées de plusieurs personnes de l’échantillon (comme dans les trajectoires de vie de plusieurs socianalystes, auteurs de cette enquête). Parmi les expériences collectives citées, on distingue deux types :des collectifs militants d ’actions directes et des collectifs de vie au sein de squats ou d’occupations légales.

La première tendance émane d’expériences au sein de squats, de lieux de vie précaire, ou collectifs d’action militante. Qu’elle exprime une lutte contre une injustice sociale, ou contre des conditions de vie précaire, nous l’avons nommée école de la rupture en tant que modèle de collectif défendu dans des entretiens plaçant cette dimension au premier plan de leur démarche. Un trait commun à ces expériences est un primat des finalités et objectifs revendiqués. Ici la lutte sociale est complémentaire d’une dimension de vie collective. Ils ouvrent à une dimension politico-existentielle au sens où ils permettent d’articuler un mode d’existence et un engagement politique, une intensité d’expérience et une forme d’action dans le monde.

Cette école exprime une réponse à une série de désirs et de nécessités vitales : sortir de l’isolement et trouver un pouvoir d’agir et de lutter ensemble ; affronter collectivement la précarité matérielle et subvenir à des besoins élémentaires de logement, d’alimentation, etc. ; s’émanciper des normes dominantes instituées à travers l’invention de modes d’existence ou d’action militante ; donner une forme et une expression collective aux sentiments de colère et d’indignation suscités par les injustices sociales… On s ’engage dans un collectif pour changer les choses mais en même temps, il y a une dimension individuelle d’apprentissage, de recherche de convivialité. La dynamique collective permet de mettre en place une série d’activités, pratiques, ateliers et services, constituant des réseaux de solidarité (atelier vélo, bois, friperie, couture, ordinateur, fêtes, concerts, marchés). Une intense vie sociale est ainsi développée.

Ces collectifs sont marqués par une grande ouverture des lieux, « il permettent des rencontres fortes, amitiés et amours « des gens qui venant d’un peu partout. C’est riche parce qu’on raconte plein d’expériences, des modes de vie d’ailleurs. » Les collectifs appartenant à cette école sont le lieu de grandes intensités de vie collective, de fêtes, de transgression et de révolte, c’est pourquoi nous l’avons également nommé pôle du feu. Cette intensité ressort aussi dans le rapport exacerbé aux violences verbales ou physiques, subies au sein du groupe ou revendiquée envers l’adversaire politique.

Bien que les présupposés idéologiques aient ici une dimension structurante, la très large ouverture de cette école rend les collectifs qui s’y inscrivent accessibles à des personnes d’origines économiques et sociales assez hétérogènes. Le caractère informel et la spontanéité ouvrent de vastes possibilités d’initiatives individuelles et collectives. Ceci peut rendre l’aventure appropriable par ceux et celles qui la vivent, même s’ils sont arrivés récemment.

En un sens, on peut dire que cette école exprime l’expérience collective marginale dans son surgissement brut. Cette dimension brute renvoie au fait que le processus, les affects, les formes d’organisation et les relations sont globalement peu questionnés. Si la dimension de spontanéité est quelquefois revendiquée pour la liberté qu’elle offre à chacun, l’absence d’élaboration collective laisse souvent ces collectifs démunis devant une série de variables et « intempéries » : les détresses des uns et des autres, les conflits et relations de pouvoir, les répartitions inéquitables des tâches, l’épuisement… Les aventures collectives de ce pôle du Feu sont ainsi particulièrement exposées aux vents et marées de l’énergie collective qui varie au gré des phases d’enthousiasme ou de gueule de bois.

Nous avons remarqué qu’une partie des interviewés qui nous ont permis d’identifier les deux autres écoles est passée ou passe encore par les squats et les collectifs d’actions et de lutte. Le passage par cette école revêt parfois une dimension de premier plongeon dans l ’aventure collective. Cette expérience initiale continue d’agir lorsqu’ils se déplacent vers d’autres formes de collectifs. Cette École de la Rupture ou pôle du Feu serait-il pour certaines personnes une sorte de creuset où bouillonnent les intensités et difficultés collectives, qui seront le support de réflexion pour des expériences ultérieures ? Dans quelle mesure les écoles ou pôles suivants sont-ils justement une réponse en acte pour ne pas laisser l’aventure collective se consumer à son propre feu ?

2- L’école des Formes

Sept expériences concrètes d’alternative aux modes de fonctionnement dominants, nourrissent l’École des Formes : d’une part, celles de grands collectifs qui œuvrent dans un champ social déterminé et s’inspirent parfois des approches institutionnalistes comme la pédagogie et la psychothérapie institutionnelles (hôpital psychiatrique, lycée autogéré, mouvement d’éducation populaire) ; et d’autre part, les expériences de collectifs ancrés dans un lieu (lieux culturels) ou un territoire (municipalité, ZAD) embrassant un ensemble de réalités diverses (le social, le politique, le travail, la santé, les liens sociaux, l’éducation, la culture…). Quand nous disons que ce sont de grands collectifs, ils comptent au minimum une centaine de personnes, et jusqu’à 850 membres. La communauté d’action dans l’École des Formes est certes radicalement critique du modèle dominant, mais elle se construit en positif, et pas en contre, comme le propose l’École de la Rupture. Élaborer de nouvelles manières de faire dans un domaine défini ; créer des prototypes d’action commune, expérimenter ici et maintenant des modalités concrètes de transformation des modes de fonctionnement installés, c’est la démarche adoptée dans ce courant de pensée. Le collectif, c’est juste une manière d’essayer de fonctionner différemment – Le collectif, c’est faire que nos questionnements internes mènent à quelque chose qui est partageable et qui aboutisse à des formes. L’école des formes cherche à créer des modèles qui ne vivent pas à part, mais dans la société, et rivalisent avec les modèles dominants.

L’exigence d’un autre rapport au pouvoir passe par l’assemblée autogestionnaire où la décision est le fruit de la discussion. L’idée maîtresse pour conserver la vitalité collective, est de donner le pouvoir à des instances et non à des personnes. La mobilisation de tous et toutes au sein des différentes instances est au coeur de la méthode employée, qui vise à consolider la  coresponsabilité. Acceptant la nécessité de vivre avec un processus permanent d’institutionnalisation, il s’agit de composer sans cesse avec les conflits internes porteurs d’éléments nouveaux, de se demander comment récupérer l’énergie créatrice des désaccords et des différences, et de changer dès que nécessaire les formes d’action pour s’adapter à l’hétérogénéité des désirs, aux contradictions multiples des points de vue et des intérêts. Le conflit fait partie de la vie ! Il y a des conflits, il faut des instances de régulation car c’est intéressant de vivre des conflits. Même s’il y a des tensions, on est complémentaires, on a tous besoin les uns des autres. Quand on a compris cela, le collectif est forcément plus fort ! On fabrique des agencements, on compose, de manière à faire vivre la contestation, la différence ; l’altérité finalement. Il y a toujours de l’instituant, des gens qui contestent la règle, c’est logique, et on doit sans cesse se demander comment on va le prendre en compte – Une décision, n’est prise que pour un temps, on en rediscutera quand on aura une nouvelle pratique… Dans ce modèle, la circulation de l’énergie est basée sur une conception singulière du rapport stabilité-mouvement : on est toujours en chemin vers quelque chose qui probablement ne s’éteindra jamais – Ce qui fait tripper, c’est que ça bouge ! L’humain est une matière toujours en mouvement.

Ce qui conserve la vitalité de l’aventure collective, c’est de s’occuper sans relâche des instances, prendre le temps d’éprouver une forme de fonctionnement, la réinterroger régulièrement : On cherche comment pérenniser des choses qui doivent sans cesse se réinventer, l’important c’est comment on fait ?  L’important, c’est donc la production permanente de formes adaptées (des formes, au sens de modes de fonctionnement, d’organisation, de réunion, d’instances, de structures) : Le collectif, c’est comme une usine qui produit sans cesse de nouvelles formes. C’est la manière de faire avec les dissensions internes au collectif qui marque la différence entre l’École de la Rupture (atténuation, voire effacement, des conflits internes) et l’École des Formes (utilisation des conflits internes comme moteur).

3- L’école des Relations humaines

L’École des Relations Humaines apparaît de façon prononcée dans huit des vingt-deux entretiens. Il est remarquable que deux tiers de ses représentants aient une pratique de l’intervention dans des collectifs en crise ou exercent le métier de soignantes en milieu psychiatrique. Il faut aussi noter que sept d’entre elles sont des femmes et le huitième, un homme transgenre.

Dans cette école, le collectif est envisagé comme un atelier, un espace de compagnonnage entre individus inscrit dans la durée. Le collectif n’est pas une aventure (au sens de phénomène fougueux et éphémère). Il y a une prise en considération de chacune des personnes dans sa singularité. L’expérience collective permet le déploiement, l’apprentissage et la transformation de l’individu : un collectif c’est se rencontrer soi-même, c’est comme une psychanalyse en accéléré. Il nécessite par là de la part de chacun un engagement fort et libre. C’est une expérimentation de la responsabilité de la liberté par la mise en jeu de ses rêves.

Ici, la règle fondamentale, c’est le soin au collectif, aux relations, à la personne comme nécessité fondamentale abordée de manière pragmatique. Le collectif est une articulation de désirs qui se confrontent aux contraintes du réel, ce qui en produit le sens. Ce qui est avant tout pris en considération est ce qui se passe dans l’ici-maintenant sans présumer de ce que sera demain. Il s’agit de prendre en compte l’incertitude liée au futur pour le construire à partir du réel qui est là aujourd’hui.

Dans cette école donc, une importance particulière est accordée aux forces invisibles, positives et négatives, à la dimension affective, relationnelle et à l’existence de l’inconscient.

Si le collectif est vu comme une association de failles individuelles qui peuvent “faire machine” si elles ne sont pas prises en compte, il s’agit d’élucider les enjeux et les implications des personnes à être et à faire dans le collectif. Dans cette école, un postulat est que l’implicite, le non-dit, ce qui se déploie sur la scène latente influe, façonne et construit tout autant les individus et l’agir collectif que ce qui est visible, explicite, évident et qui s’observe sur la scène manifeste.
Cette approche permet d’alléger, de désillusionner, de relativiser la dimension qu’incarne l’interdiction, la conscience morale, les injonctions du monde extérieur qui sont liées aux idéaux collectifs.

Cette dynamique de clarification permanente est permise par un travail spécifique autour de la posture : celle de l’attention. Elle est l’objet d’une pratique spécifique à la fois individuelle et collective : honnêteté, loyauté, considération, expression, apprentissage, ancrage, non-jugement, coresponsabilité, travail sur soi et confiance.

Au sein de cette école, l’énergie collective est donc puisée dans les difficultés individuelles et collectives rencontrées. On cherche à recycler les problèmes en ressource dans un mouvement perpétuel qui transforme par intégration ou métabolisation. Les difficultés rencontrées sont les ressources à la mobilisation et à l’action collective et source de transformation : le mouvement s’établit par la stabilité de cette dynamique de recyclage. Cette dynamique collective repose donc sur un système de prévention des conflits.

Ces collectifs ont la particularité d’être de petite taille et une condition de leur existence se base sur une forme d’entre-soi. L’intégration des personnes se fait sur base d’une cooptation affinitaire : point d’aventure fougueuse et éphémère.

  • D’un pôle à l’autre – comparaisons sur ce qui crée ou entame la vitalité des aventures collectives

Notre analyse de contenu a aussi mis en évidence que les collectifs sont toujours décrits par les personnes interviewées comme des systèmes de tensions entre des forces contradictoires, dont l’équilibre ou le déséquilibre alimente la vitalité, ou fragilise le collectif. La tension entre :  ouverture et fermeture du collectif ; individu et collectif ; entre stabilité et mouvement ; le maintien de l’équilibre contrôlé du collectif et l’irruption de l’amour, du désir ou de la violence ; le modèle économique (la base matérielle) et les finalités qui peuvent être servies ou asservies par l’économie du collectif. Nous nous limitons ici à l’exposé de trois de ces tensions.

1- La tension ouverture/fermeture

Chaque école règle différemment le problème de la tension entre l’ouverture et la fermeture du collectif. Dans la première, celle du Feu, l’ouverture aux nouveaux arrivants se veut totale. Le collectif a du mal à dire non à une personne qui sollicite son inclusion, cela donne des collectifs riches de leur hétérogénéité et unis dans leur opposition à un adversaire commun. Mais il y a toujours un choc entre l’idéologie de l’ouverture et de la rencontre, et ce qui se produit réellement dans les rencontres, comme si l’ouverture se retournait contre le noyau initial. L’écart trop fort entre idéologique et réel et les différences d’implication entre les personnes peuvent avoir raison du collectif. Quand l’accueil des autres empiète sur le reste, l’autre devient un problème d’intendance, chronophage. Le risque est d’exploser en vol, quand le don de soi mène à l’épuisement. Quelquefois cela finit par conduire à un soulagement avec la fin de l’aventure collective par exemple quand le squat est expulsé…

Dans la seconde école, celle des Formes, on tend vers une ouverture maximale mais contrôlée. L’intégration se fait de manière graduelle, l’ouverture est régulée par des instances, des parcours d’intégration et des procédures d’accueil. L’hétérogène est indispensable à la vitalité du collectif, mais à condition que chacun reconnaisse les protocoles d’intégration… quitte à obliger ensuite à leur transformation. Cette contrainte comporte un risque de se bureaucratiser, s’homogénéiser et se figer en perdant l’indispensable apport de diversité.

Dans la troisième école, celle du soin, il y a peu d’ouverture du collectif, elle se pratique au compte-gouttes, dans la durée et de façon très contrôlée. Les membres sont priés d’aller s’enrichir ailleurs d’autres expériences. Un grand soin est mis dans la composition du collectif, on s’autorise l’éjection des éléments perturbateurs, “on protège l’ADN”. Mais c’est au risque de l’entre-soi et de l’homogénéisation. Donc on peut dire que ce qui entame la vitalité des collectifs se joue toujours mais différemment dans le rapport à l’indispensable hétérogénéité, le risque se trouvant pour chaque école dans le rapport au dehors, dans la façon d’ouvrir ou de fermer le collectif.

2- Les tensions liées aux jeux de pouvoir

Chaque école est confrontée à des dynamiques de pouvoir, de rapports de force et d’émergence potentielle de leaders, mais elles ont chacune une manière particulière d’y réagir. Le phénomène de prise de pouvoir est nié dans la première école, sous couvert d’égalité idéologique et à force de volontarisme. Le refus du pouvoir au niveau des finalités se confronte à la résurgence du pouvoir de par le manque de soin accordé au processus.

Confié à des instances décisionnelles, l’exercice du pouvoir nécessite dans la deuxième école (celle des formes), l’émergence de figures de chefs d’orchestre pour faire tourner la machine, garder la vision d’ensemble, penser à offrir une possibilité de mutation des formes afin qu’elles s’adaptent à la vie réelle du collectif. Ici la figure du leader est reconnue comme participant à la vitalité du collectif, son pouvoir étant contenu par les formes. Mais la fatigue guette ces vigies chargées de surveiller les mouvements d’ensemble des formes et des forces sociales en jeu. Sont signalés les phénomènes d’usure des personnes qui orchestrent et surveillent les risques de ce qui fige, cloisonne et spécialise.

Dans la troisième école, le développement d’un pouvoir d’agir personnel est au cœur du projet du collectif. La ligne suivie est de se donner les moyens de débusquer, réinterroger les forces qui font pouvoir dans les enjeux et les aspects implicites du fonctionnement du collectif. La démarche est préventive, ce qui ne met pas le collectif à l’abri de prises de pouvoir insidieuses et détournées. Ni d’une sorte de neutralisation de la vitalité du collectif, liée à l’excès de prudence en matière de potentielles prises de pouvoir.

3- Réponses face à l’irruption des désirs et de la violence dans les relations.

Dans les entretiens où nous avons rencontré l’école du feu, le sujet est peu présent. Une demande d’amour est adressée implicitement au collectif, qui peut devenir concurrent des couples et des familles. Le collectif répond notamment à la peur de la solitude dans la vie et dans la lutte. L’amour du prochain est là, bien présent : partage et solidarité avec les plus précaires, de façon inconditionnelle (distribution de repas, hébergement etc.). Ce qui est également très puissant, c’est l’amour de l’idée, de la lutte, l’amour de la puissance de l’action collective, la rage et la colère partagées. Ces collectifs sont démunis devant l’irruption de violences (physiques, sexuelles, conjugales) et leur prise en compte n’est pas pensée.

Dans l’école des Formes, amours, amitiés fortes, affinités sont citées comme des sources d’engagement et sont porteuses de sens. Cependant, ce n’est pas ce qui est mis en avant officiellement, ce n’est pas le liant, ou alors c’est très vite formalisé pour atténuer le côté affectif. L’amour est un moteur et une fragilité pour le cycle de l’énergie du collectif. Amours et désirs ne sont pas interdits, mais quand tu carbures à l’amour, tu peux vite tomber en panne sèche. C’est une question délicate à anticiper sans aller dans l’intrusion ou la séparation stricte, privée-public, qui laisse les gens se faire du mal. Dans cette école, chaque fois qu’un couple se sépare ou se forme, c’est un tremblement de terre pour le collectif. Il y a un savant jeu de chaises musicales et des restructurations affectives qu’il faut être capable de faire. La question c’est comment l’intime est politique et comment les instances s’en saisissent. Ex : agressions sexuelles, relations amoureuses entre une salariée et un membre du CA…

Dans l’école du soin, le collectif est une articulation des désirs, l’inventivité est source de plaisir. Le collectif est une forme d’amour ou d’amitié, poussée assez loin et travaillée ; le terme d’aventure est refusé, en ce qu’il évoque la fougue et l’éphémère, alors que le collectif est un compagnonnage dans la durée. Le collectif, tu l’aimes ou tu le quittes. C’est un engagement fort et libre. Dans certains collectifs, il y a interdiction des relations amoureuses entre ses membres car cela fait perdre prise sur les sentiments : la séduction, ça fout la merde. Le cycle de la vie et des amours (enfants, maris, etc.) est respecté, mais laissé à l’extérieur.

  • Comment les êtres humains se débrouillent avec le réel : circulation entre les trois polarités

Les trois pôles, tels des finistères, sont les lointains confins, les limites extrêmes d’un même terrain d’expérimentation collective tendu et accidenté, plutôt que des mondes totalement séparés, étrangers les uns aux autres. On trouve plusieurs manières d’articuler les différents pôles. C’est ce que nous avons cherché à restituer en parlant de multipolarité, pluripolarité ou de transpolarité.

L’idée de multipolarité renvoie aux paroles d’une interviewée venant d’un milieu urbain. Ses recherches d’intensité, de soin et de pérennité vont se réaliser dans des collectifs différents juxtaposés. Elle explique que cette pratique permet la complémentarité entre différents espaces d’engagement tout en mettant de côté les dissonances. Par exemple, dans son approche qui met au centre l’efficacité, il n’y a pas besoin de recherche du soin dans un collectif de Feu, ni de pérenniser à grande échelle un collectif centré sur les relations humaines. Plutôt que de chercher une totalisation, une consonance pure et parfaite au sein d’une même forme sociale, cette multipolarité est le fruit d’une approche fonctionnelle qui recherche un collectif pour chaque chose.

Ensuite, dans plusieurs entretiens, on trouve une démarche de passage entre les Pôles. Dans le cas où des personnes interviewées circulent successivement entre différents Pôles, nous disons qu’elles sont transpolaires, par exemple lorsqu’une personne cherche à répondre à des difficultés rencontrées dans l’école du feu, en poursuivant vers d’autres manières de faire collectif. Mais la transpolarité peut aussi qualifier le mouvement d’un collectif dans son ensemble. Elle ressort tout particulièrement dans le cas d’une occupation qui sort de l’illégalité par une régularisation de sa situation administrative. Cela conduit le collectif à changer sa ligne directrice, il cherche à sortir de la communauté initiale « négative » (unie au départ car organisée « contre » le système) pour se transformer en communauté « positive » (organisée « pour » construire un autre modèle de société ici et maintenant).

Enfin, dans certains entretiens, on trouve une ébauche d’articulation des différents pôles au sein d’un même collectif, démarche que nous nommons pluripolaire. La tentative est de faire coexister ce qui fait la vitalité de différents pôles : l’intensité, l’énergie, l’impulsivité de la lutte ; la dimension du soin, de la relation, l’attention à l’autre ; la force transformatrice et durable des formes et des instances. Cette démarche est alimentée par la volonté de traverser les dichotomies internes, et d’y trouver une source de vitalité, de se servir des qualités de certains pôles pour corriger les dérives, équilibrer les excès des autres. Mais peut-on attendre de quiconque d’être attentif à tout cela en même temps ? On pourrait aussi concevoir les pôles ou écoles comme trois régimes d’attention, ayant chacun leur zones de clairvoyance et d’aveuglement. Trois pôles qui ne peuvent coexister depuis le même point de vue, et qui nous obligent à renoncer à l’idéal d’un modèle, d’une école ou d’un pôle prétendant se suffire à lui-même. Il s’agit plutôt de nourrir la vitalité d’une aventure collective en favorisant la pluralité par le mouvement entre différents pôles ou points de vue. La pluripolarité rejoint alors la transpolarité comme habilité au déplacement entre les pôles selon les circonstances, les crises et les nécessités.

4. Ouvrir des horizons

Comme nous le disions en introduction, les collectifs évoqués dans cette enquête sont tout particulièrement exposés au manque de culture des précédents. Même si certaines des expériences évoquées par nos interviewés se maintiennent dans le temps, leur caractère expérimental et minoritaire complique les possibilités d’élaboration et de transmission. Plusieurs expériences ont une dimension de précarité – non seulement économique et politique comme c’est le cas par exemple pour « l’École de la Rupture » – mais aussi existentielle, au sens où elles sont toujours menacées de dissolution. Elles sont d’autant plus fragiles que leur vitalité repose sur une forme de désir, de nécessité ou d’engagement au nom de convictions, qui n’ont pas forcément la persistance des liens du sang, la constance d’une activité rémunérée par un salaire mensuel ou le soutien d’un pouvoir établi. La précarité et la disparité de ces expériences constitue certainement un obstacle à la transmission entre ceux qui s’impliquent dans de telles aventures.
À ces difficultés, disons, circonstancielles, s’ajoute peut-être une difficulté d’ordre culturel : la tendance à focaliser sur les visées et objectifs au détriment du processus, les enjeux de production au détriment des relations, le macropolitique au détriment du micropolitique. De plus, les savoirs issus de l’expérience sont toujours liés à des moments éprouvants et dérangeants, des crises, des conflits, des «emmerdes », dont on voudrait se débarrasser après les avoir traversés. Constituer une culture des précédents passerait par la mise en place de moyens pour élaborer et donner forme à ces savoirs.

Pour nous, ce travail d’enquête n’est pas une fin en soi, il est le moyen de continuer à nous interroger, de nous interpeller sur ce que nous faisons au sein des collectifs et de faire vivre le questionnement cher aux praticiens de l’analyse institutionnelle : «qu’est-ce que je fais quand je fais ce que je fais ? ». L’enquête elle-même est une pratique de transformation sociale : en conduisant et en publiant notre enquête, en organisant la rencontre entre le lecteur, la lectrice et les personnes que nous avons interviewées, nous voulons aller à contre-courant de la croyance en la mort des collectifs, et renforcer les expériences collectives par le développement d’une culture des précédents.

L’enquête est un moyen parmi d’autres; nous espérons que la réalisation et la restitution de celle-ci participera au déploiement d’un champ d’étude des dynamiques collectives par ceux qui les vivent. Une telle démarche consiste à continuer de collecter, élaborer et diffuser des savoirs et savoir-faire issus des expériences, par le biais de rencontres, d’ateliers ou d’autres enquêtes à venir, à soulever des points de vigilance sur des difficultés et écueils récurrents aussi bien sur les plans relationnels, que juridiques par exemple. Outre le fait de collecter des savoirs identifiables, il s’agirait aussi de déployer quelque chose de plus insaisissable : une culture plutôt qu’une science ou un livre de recettes ; une manière de cultiver une attention aux cycles et aux rythmes des personnes et des groupes ; de nourrir une sensibilité et une intelligence des forces organisationnelles, libidinales, idéologiques qui traversent les organisations ; d’en percevoir les effets pour ne plus simplement subir les aléas de la vitalité collective au gré des vagues d’enthousiasme, ou de fatigue.

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Pour citer cet article : ARNOULD Magali, GILON Christiane, PEETERS Archibald, Vitalité des aventures collectives, https://corpus.fabriquesdesociologie.net/vitalite-des-aventures-collectives/
Mise en ligne en mai 2023
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Notes

[1] Dans cette article le masculin est utilisé à titre épicène.

[2] La socianalyse est un dispositif d’intervention de l’analyse institutionnelle. Il s’agit de mettre en capacité le collectif à analyser les forces qui les traversent et fabriquent la situations dans laquelle ils sont afin de remettre du mouvement et de reprendre prise sur leur dynamique.
Pour en savoir plus sur la socianalyse : Arnould, M., Gilon, C. & Ville, P. (2020), « La socianalyse institutionnelle ravivée par une nouvelle génération », Nouvelle revue de psychosociologie, 30, 65-82. / Gilon, C. & Ville, P. (2019), Manuel de socianalyse, Réveiller les Loups.

[3] David Vercauteren, Micropolitiques des groupes, Pour une écologie des pratiques collectives, Les Prairies ordinaires, Paris, 2011, p. 7.

[4] Les dessous de cette enquête seront abordés spécifiquement dans un prochain article.

[5] Cette enquête collective a été réalisée sous la direction méthodologique de Christiane Gilon et Patrice Ville par Magali Arnould, Loïc Bielmann, Pomme Boucher, Anthony Brault, Camille Désiré, Alice Dumoulin, Aïala Ellenberger, Aline Jacques, Amélie Letellier, Yildune Levy, Ludovic Mamessier, Hugo Panabières, Archibald Peeters, Eric Petitjean, Fanny Rebuffat, Lucie Rivers-Moore, Benjamin Rosoux, Roxane Zavdat, qui y ont participé en tout ou en partie.

Contacts

Les personnes qui ont commandité ce travail :
Association Pivoine – contact.pivoine@ilico.org – +33 5 55 54 93 49 –

Rédactrices et rédacteur de l’enquête :
Magali Arnould – magali.art.nould@gmail.com – + 32 486 83 38 35 – Liège (Belgique).
Aïala Ellenberger – aiala.pivoine@ilico.org – Faux-La-Montagne – Creuse (France).
Christiane Gilon – christiane.gilon@wanadoo.fr – + 33 6 07443070 – Paris (France).
Archibald Peters – archibald.peeters@gmail.com – + 33 6 41 33 41 30 – Tarnac – Corrèze (France).

Les Éditions Réveiller les Loups, qui publient le texte intégral de l’enquête « Naviguer Collectivement »
Tanière d’édition – patteblanche@reveillerlesloups.infini.fr – au lieu dit Kerizout – 22300 Ploumilliau (France).






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