L’art d’intervention au Québec comme multiplicité interstitielle : esthétique et pragmatique

Nicolas Rivard : « Ce travail repose sur le concept de multiplicité interstitielle élaboré par le sociologue Pascal Nicolas-Le Strat (2006) afin d’approfondir les effets de réception d’un des aspects formels de l’art d’intervention : celui de la dissémination de dispositifs artistiques dans les interstices des pratiques du quotidien. Il ne s’agit pas ici de proposer une nouvelle nomenclature, mais plutôt d’observer les effets potentiels de ce type de diffusion auprès d’un public incident, rejoint hors du contexte artistique. Ainsi, cette recherche prend forme en supposant que la dissémination de dispositifs artistiques dans différentes situations de vie sociale rend possibles des processus de subjectivation à même la dynamique de l’œuvre, reconfigurant ainsi les paramètres d’inscription des individus à l’intérieur des cadres normatifs de la ville. Cette hypothèse vise à répondre à un triple objectif : d’abord, cerner les enjeux théoriques et critiques de l’art d’intervention en regard de l’immixtion d’œuvres dans des espaces sociaux, politiques et économiques, pour ensuite définir les paramètres de la multiplicité interstitielle et, enfin, l’inscrire dans un cadre d’analyse esthétique afin d’entrevoir une lecture pragmatique de la tactique particulière de multiplicité interstitielle. De plus, afin de cerner les différentes manifestations de l’interstice dans les activités sociales, nous avons choisi d’orienter cette recherche autour de trois œuvres qui se préoccupent chacune d’un champ d’expérimentation différent. Avec Hypothèses d’amarrages, le collectif SYN- s’intéresse au terrain vague comme espace urbain interstitiel. Christian Barré, pour sa part, s’intéresse à la ville comme espace de communication, constituant par là les fondements d’un interstice relationnel, par l’entremise de dispositifs renvoyant à un espace virtuel de rencontre (Réfléchir par hasard pour un espace public agile). Enfin, avec Survival Virus de Survie, Mathieu Beauséjour s’intéresse aux conditions interstitielles de la circulation monétaire et à sa prolifération dans les activités de consommation journalières. Cette recherche tente de problématiser la réception d’œuvres par un public extérieur au domaine de l’art et les effets probables de la dissémination de dispositifs artistiques. Cependant, au cours de cette recherche, nous nous sommes rendu compte qu’il était plus ou moins possible d’examiner les effets concrets de la réception de telles œuvres puisque leur dissémination mène inévitablement à leur disparition dans les aléas des activités quotidiennes. C’est pourquoi cette recherche se conclut sur les effets premiers de leur apparition auprès de « spectateurs » incidents à partir des processus de subjectivation que leur réception oblige ou, du moins, suggère ».

Pour poursuivre la lecture : Nicolas RIVARD, L’art d’intervention au Québec comme multiplicité interstitielle : esthétique et pragmatique, juin 2016

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *